lundi 23 mai 2011

LA FRAISE



Le rouge de la renaissance.

Les goûts
La fraise est un réservoir à graines. Le réceptacle floral de ce fruit charnu est parsemé de petits grains jaunes  appelés  akènes, ils sont disposés régulièrement dans  des alvéoles sur toute la surface du fruit rouge.
Les véritables  fruits de cette rosacée, ce sont eux.
Ils  produisent  une hormone permettant au faux - fruit de grossir.
La chair est donc juste une extension du réceptacle, elle est gorgée de matières sucrées que l’on consomme sous le nom impropre de fruit. Mais qu’importe  pourvu qu'on ait le goût …
La fraise provient  d’une plante herbacée de type Fragaria que l’on trouvait  à l’état sauvage un peu partout dans le monde. Cette petite fraise des bois est connue depuis l’Antiquité, son odeur agréable se retrouvait dans la fabrication de produits cosmétiques  et sa saveur subtile était recherchée par les Romains. Les fraises sauvages fort appréciées par les anciens furent repiquées dans les jardins du Moyen Age mais bien souvent à titre décoratif comme l’ordonna Charles V au Louvre. La fraise était peu considérée  à cette époque  car elle poussait un peu trop près du sol. C’est vraiment
à partir de la Renaissance que la fraise se domestique vraiment
Elle prend sa place sur la table  au moment du dessert contrairement au Moyen Age où elle servait d’ouverture à l’appétit des hommes qui en raffolaient  dans le vin.
Louis XIV appréciait tout particulièrement ce petit fruit que son jardinier La Quintinie avait planté dans le potager de Versailles. Une variété ancienne très parfumée, nommée la Versaillaise est encore cultivée de nos jours au Potager du Roi. Le plant de la fraise des bois fut croisé avec le fraisier de Virginie. Ces premières fraises d’Amérique furent probablement ramenées par Jacques Cartier.
En 1714, l’officier Frézier revient avec 5 plants d’une expédition en Amérique du Sud pour le compte du roi Soleil. Ils sont alors confiés au Jardin Royal. Quelques plantations seront envoyées plus tard en Bretagne, au jardin botanique de Brest.
Le croisement entre un fraisier du Chili et un fraisier de Virginie donnera alors naissance à une nouvelle fraise que l’on cultivera désormais à grande échelle, ce sera la fraise de Plougastel. D’autres croisements s’effectueront également dans le sud de
la France.
Les variétés modernes étaient nées.
Au XVIII Siècle, la fraise est transformée englace, en gelée, en compote et en boisson rafraîchissante. Au XIX Siècle, elle est associée au champagne et deviendra ainsi
très prisée par les femmes du monde qui raffoleront de cette nouvelle boisson enivrante.
Une recette de gelée au vin de Champagne garnie de fraises fit fureur sur les tables de  la grande bourgeoisie du Second Empire.
 Le XX Siècle continuera à développer des services à fraises, des pelles à fraises superbement ouvragées, des cuillères à sucre en argent ciselé.
C'est ainsi que la fraise sera magnifiée au travers de l’extraordinaire  développement  des arts de la table de cette époque.
Par ailleurs la mode des petits paniers et des corbeilles tressées remplis de fraises envahira les tables d’été.Un luxe qui aimait se faire passer pour un bonheur tout simple et naturel. On ne cessera  d'inventer des recettes et des contenants élégants pour ce fruit délicat  dégusté entre Avril et Septembre.
Début Avril, La Gariguette ouvre la saison et la Mara des Bois la termine en Septembre.
Entre-temps, Ciflorette, Cigaline, Cirafine… se succèdent offrant leurs chairs goûteuses bourrées de vitamines.
La fraise était décrite par Diderot comme la pointe humide d'un sein de nourrice.
Dès l'arrivée des beaux jours, les premières fraises pulpeuses et brillantes parées de leur collerette verte mettent nos papilles en émoi.
Ce fruit charnu très parfumé  a la couleur de l'amour et possède la forme sensuelle
des courbes féminines. Ce fruit se déguste  aussi bien au jardin  dès la cueillette qu'à table dans une coupelle avec du sucre, de la crème  ou avec quelques grains de poivre moulus. Un fruit rustique qui se laisse sophistiquer très facilement.
Un goût fruité pour des coloris fraise, griotte, grenade ou cerise.
En déco, ces rouges fruités associés à d'autres coloris donnent également de multiples sensations de gaîté, de vitalité, de sensualité. Il est donc intéressant de regarder plus attentivement ces  rapports subtils entre les rouges et les autres couleurs.
Ces associations colorées multiples sont passionnantes à travailler.
Tour à tour sophistiquées, fraîches, audacieuses, majestueuses ou rustiques,
elles  apportent  des solutions qu’il faut oser utiliser. Il ne faut pas en avoir peur,
le rouge est une très belle couleur.

Les couleurs
Ces rouges qui attirent l’œil symbolisent la régénérescence, l’appétit, la force vitale dans une pièce à vivre comme une salle à manger, un salon ou encore une cuisine.
C’est un choix fort.
Cette couleur chaude apporte du caractère à des grandes pièces vides ou froides.
Elle enveloppe l’espace pour offrir une personnalité à un lieu banal. C’est une couleur qui assure également un effet intéressant dans une entrée sans caractère. Elle assure ainsi une charge émotionnelle d’entrée de jeu.
Le rouge a pour intérêt de s’associer aux autres couleurs en offrant des propositions très diverses. Il n’est pas nécessaire de recouvrir l’ensemble des murs de la pièce.  
Si le rouge vif vous fait un peu peur, vous pouvez le baisser d’un ton par rapport à sa teinte d’origine.
Vous obtiendrez ainsi un rouge profond plus facile à travailler avec d’autres couleurs plus douces comme un jaune paille, un crème rosé, un bleu orage ou un violet très pâle. Des gris et des bruns apporteront des notes reposantes, utiles pour calmer un rouge dense. Cependant, qu’il soit sombre ou clair, éclatant ou classique, il restera
la couleur de l’énergie.
La force du rouge peut être son pire ennemi. Il ne faut pas la sous-estimer.
Si vous le juxtaposez à un vert qui est sa couleur complémentaire, vous obtiendrez
un embrasement coloré pas toujours facile à supporter. Il faut donc trouver des verts atténués, désaturés, qui peuvent jouer sur un registre de même intensité. Si le rouge est symbole de force, d’ardeur, il peut être tempéré par un vert apaisant.
Une teinte douce intermédiaire peut être également un bon atout pour réussir
ce mariage coloré.
Le rouge a vécu sur les murs de Pompéi de façon magistrale mais aussi par la suite dans les châteaux du moyen Age et de la Renaissance. On le mélangeait à du bleu ou du vert mais aussi à des jaunes et à de l’or. C’est Le Corbusier qui imposera » la loi du ripolin » avec un retour au simple mur blanc.
Plus tard, le rouge s’accordera de façon tonique au blanc par des touches précises sur des chaises ou fauteuils modernes ou sur des pans de murs. Il sera alors traité en rouge écarlate pour un effet théâtral.
Après des années de gris, de blanc et de noir, le rouge reviendra associé à l’orange et au rose. Il a connu son heure de gloire dans la cuisine avec la fameuse teinte chocolat.
Actuellement le bleu turc, le vert céladon se marient subtilement au rouge profond.
On recherche des tonalités similaires pour structurer un décor.
Si la fraise est le fruit - symbole du début de l’été, sa couleur rouge est synonyme
de chaleur et d’énergie. Il faut en avoir envie et ne pas résister à son goût fruité.