Couleurs profondes et gourmandes
Les couleurs
Dans une nature encore vive, une touche violacée s’installe patiemment sur le vert des haies rustiques. Une note orange brique, rouge sang laisse place à des nuances beaucoup plus profondes, plus sombres. Rien de triste à cela car la lumière joue sur chaque facette des grains de la mûre sauvage. Une variation colorée progressivement teinte les bords de chemin en un motif à pois sur un fond de vert anglais. Grande subtilité colorée qui ne perd à aucun moment ses couleurs de caractère. Cette association d’orangée brique, rouge sang-de-dragon, de prune sanguin, de violet brun et de vert anglais est une exploitation audacieuse de couleurs fortes qui s’intensifient et se rehaussent sans se heurter.
En déco, il faut imaginer cette palette de couleurs profonde sous une lumière également puissante. Couleurs et lumières sont de force égale.
Ne jamais oublier l’importance de l’éclairage.
La couleur même de la mûre est sombre, on pourrait la décrire comme un violet d’évêque mélangé à de l’indigo. Ce ton peut être utilisé comme un noir teinté très puissant donnant du caractère à un espace restreint.
Un crème pâle peut être distillé à très faible dose (en oubliant carrément le blanc éclatant qui viendrait casser l’harmonie subtile). Des carreaux et des rayures sur des coussins, des rideaux ou un tapis peuvent aussi contrebalancer la force de ces tons.
Cette gamme de couleurs chaudes et assourdies offre une sensation de calme, elle enrobe une pièce avec beaucoup de caractère et d’élégance.
Une cuisine ou une petite pièce-refuge comme une bibliothèque pourraient êtres traités dans cette harmonie enveloppante et donc rassurante. Le bois est un associé parfait. Il renforce de manière élégante ces nuances subtiles.
Le pouvoir évocateur des couleurs est puissant, on le sait mais c’est à chaque fois un bonheur de le redécouvrir. Cette touche violacée et orangée avec une pointe de vert s’imagine tout naturellement dans une cuisine. Qui n’a pas en mémoire les cueillettes de mûres de fin d’été sur les bords des chemins, la récolte se transformant en une confiture ou gelée laissant dans la cuisine des couleurs fabuleuses et des parfums magiques.
L’utilisation de ces couleurs nous ramène dans ces souvenirs de gourmandise.
Les goûts
La mûre sauvage est une baie de fin d’été dont la récolte peut se poursuivre jusqu’au mois d’Octobre. Elle est le fruit comestible de la ronce. Ce buisson compact et épineux qui envahit les haies de jardin et les bords de chemin. C’est une plante de la famille des rosacées. La mûre sauvage ne doit pas être confondu avec la mûre du mûrier, arbre originaire d’Iran qui peut atteindre une quinzaine de mètres. Il existe également le mûrier blanc, originaire de Chine, principalement cultivé pour l’élevage des vers à soie (ils se nourrissent des feuilles) et qui a pratiquement disparu de nos jours.
Il faut avoir en mémoires les balades, paniers en main, (fruits fragiles à manier avec précaution) à la recherche de l’or noir. Comme la mûre est très juteuse et perdue au milieu des ronces, la récolte est souvent vécue comme un véritable combat dans les ronciers avec pour désagrément les ongles violets, les jambes écorchées et les lèvres rouges…
Au retour des chemins, il y a le bonheur d’une récolte fruitée, subtile et comme le fruit est fragile, la confection de confiture, gelée, sirop ou sorbet est rapidement menée. Adieu épines et toiles d’araignées, bonjour le parfum délicat aux notes boisées du fruit cuit à feu vif.
C’est toute cette histoire colorée qui peut aisément se raconter sur les murs d’une cuisine ou d’un lieu de repli sur soi comme un petit bureau.
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