lundi 23 mai 2011

LA FRAISE



Le rouge de la renaissance.

Les goûts
La fraise est un réservoir à graines. Le réceptacle floral de ce fruit charnu est parsemé de petits grains jaunes  appelés  akènes, ils sont disposés régulièrement dans  des alvéoles sur toute la surface du fruit rouge.
Les véritables  fruits de cette rosacée, ce sont eux.
Ils  produisent  une hormone permettant au faux - fruit de grossir.
La chair est donc juste une extension du réceptacle, elle est gorgée de matières sucrées que l’on consomme sous le nom impropre de fruit. Mais qu’importe  pourvu qu'on ait le goût …
La fraise provient  d’une plante herbacée de type Fragaria que l’on trouvait  à l’état sauvage un peu partout dans le monde. Cette petite fraise des bois est connue depuis l’Antiquité, son odeur agréable se retrouvait dans la fabrication de produits cosmétiques  et sa saveur subtile était recherchée par les Romains. Les fraises sauvages fort appréciées par les anciens furent repiquées dans les jardins du Moyen Age mais bien souvent à titre décoratif comme l’ordonna Charles V au Louvre. La fraise était peu considérée  à cette époque  car elle poussait un peu trop près du sol. C’est vraiment
à partir de la Renaissance que la fraise se domestique vraiment
Elle prend sa place sur la table  au moment du dessert contrairement au Moyen Age où elle servait d’ouverture à l’appétit des hommes qui en raffolaient  dans le vin.
Louis XIV appréciait tout particulièrement ce petit fruit que son jardinier La Quintinie avait planté dans le potager de Versailles. Une variété ancienne très parfumée, nommée la Versaillaise est encore cultivée de nos jours au Potager du Roi. Le plant de la fraise des bois fut croisé avec le fraisier de Virginie. Ces premières fraises d’Amérique furent probablement ramenées par Jacques Cartier.
En 1714, l’officier Frézier revient avec 5 plants d’une expédition en Amérique du Sud pour le compte du roi Soleil. Ils sont alors confiés au Jardin Royal. Quelques plantations seront envoyées plus tard en Bretagne, au jardin botanique de Brest.
Le croisement entre un fraisier du Chili et un fraisier de Virginie donnera alors naissance à une nouvelle fraise que l’on cultivera désormais à grande échelle, ce sera la fraise de Plougastel. D’autres croisements s’effectueront également dans le sud de
la France.
Les variétés modernes étaient nées.
Au XVIII Siècle, la fraise est transformée englace, en gelée, en compote et en boisson rafraîchissante. Au XIX Siècle, elle est associée au champagne et deviendra ainsi
très prisée par les femmes du monde qui raffoleront de cette nouvelle boisson enivrante.
Une recette de gelée au vin de Champagne garnie de fraises fit fureur sur les tables de  la grande bourgeoisie du Second Empire.
 Le XX Siècle continuera à développer des services à fraises, des pelles à fraises superbement ouvragées, des cuillères à sucre en argent ciselé.
C'est ainsi que la fraise sera magnifiée au travers de l’extraordinaire  développement  des arts de la table de cette époque.
Par ailleurs la mode des petits paniers et des corbeilles tressées remplis de fraises envahira les tables d’été.Un luxe qui aimait se faire passer pour un bonheur tout simple et naturel. On ne cessera  d'inventer des recettes et des contenants élégants pour ce fruit délicat  dégusté entre Avril et Septembre.
Début Avril, La Gariguette ouvre la saison et la Mara des Bois la termine en Septembre.
Entre-temps, Ciflorette, Cigaline, Cirafine… se succèdent offrant leurs chairs goûteuses bourrées de vitamines.
La fraise était décrite par Diderot comme la pointe humide d'un sein de nourrice.
Dès l'arrivée des beaux jours, les premières fraises pulpeuses et brillantes parées de leur collerette verte mettent nos papilles en émoi.
Ce fruit charnu très parfumé  a la couleur de l'amour et possède la forme sensuelle
des courbes féminines. Ce fruit se déguste  aussi bien au jardin  dès la cueillette qu'à table dans une coupelle avec du sucre, de la crème  ou avec quelques grains de poivre moulus. Un fruit rustique qui se laisse sophistiquer très facilement.
Un goût fruité pour des coloris fraise, griotte, grenade ou cerise.
En déco, ces rouges fruités associés à d'autres coloris donnent également de multiples sensations de gaîté, de vitalité, de sensualité. Il est donc intéressant de regarder plus attentivement ces  rapports subtils entre les rouges et les autres couleurs.
Ces associations colorées multiples sont passionnantes à travailler.
Tour à tour sophistiquées, fraîches, audacieuses, majestueuses ou rustiques,
elles  apportent  des solutions qu’il faut oser utiliser. Il ne faut pas en avoir peur,
le rouge est une très belle couleur.

Les couleurs
Ces rouges qui attirent l’œil symbolisent la régénérescence, l’appétit, la force vitale dans une pièce à vivre comme une salle à manger, un salon ou encore une cuisine.
C’est un choix fort.
Cette couleur chaude apporte du caractère à des grandes pièces vides ou froides.
Elle enveloppe l’espace pour offrir une personnalité à un lieu banal. C’est une couleur qui assure également un effet intéressant dans une entrée sans caractère. Elle assure ainsi une charge émotionnelle d’entrée de jeu.
Le rouge a pour intérêt de s’associer aux autres couleurs en offrant des propositions très diverses. Il n’est pas nécessaire de recouvrir l’ensemble des murs de la pièce.  
Si le rouge vif vous fait un peu peur, vous pouvez le baisser d’un ton par rapport à sa teinte d’origine.
Vous obtiendrez ainsi un rouge profond plus facile à travailler avec d’autres couleurs plus douces comme un jaune paille, un crème rosé, un bleu orage ou un violet très pâle. Des gris et des bruns apporteront des notes reposantes, utiles pour calmer un rouge dense. Cependant, qu’il soit sombre ou clair, éclatant ou classique, il restera
la couleur de l’énergie.
La force du rouge peut être son pire ennemi. Il ne faut pas la sous-estimer.
Si vous le juxtaposez à un vert qui est sa couleur complémentaire, vous obtiendrez
un embrasement coloré pas toujours facile à supporter. Il faut donc trouver des verts atténués, désaturés, qui peuvent jouer sur un registre de même intensité. Si le rouge est symbole de force, d’ardeur, il peut être tempéré par un vert apaisant.
Une teinte douce intermédiaire peut être également un bon atout pour réussir
ce mariage coloré.
Le rouge a vécu sur les murs de Pompéi de façon magistrale mais aussi par la suite dans les châteaux du moyen Age et de la Renaissance. On le mélangeait à du bleu ou du vert mais aussi à des jaunes et à de l’or. C’est Le Corbusier qui imposera » la loi du ripolin » avec un retour au simple mur blanc.
Plus tard, le rouge s’accordera de façon tonique au blanc par des touches précises sur des chaises ou fauteuils modernes ou sur des pans de murs. Il sera alors traité en rouge écarlate pour un effet théâtral.
Après des années de gris, de blanc et de noir, le rouge reviendra associé à l’orange et au rose. Il a connu son heure de gloire dans la cuisine avec la fameuse teinte chocolat.
Actuellement le bleu turc, le vert céladon se marient subtilement au rouge profond.
On recherche des tonalités similaires pour structurer un décor.
Si la fraise est le fruit - symbole du début de l’été, sa couleur rouge est synonyme
de chaleur et d’énergie. Il faut en avoir envie et ne pas résister à son goût fruité.

 

mardi 19 avril 2011

La Noix

Les nuances colorées
Les goûts
La culture de la noix en France se concentre principalement dans les régions du sud- ouest et du centre (le  Limousin, la Dordogne, le Périgord, le Quercy, l’Aveyron, les Cévennes) ainsi que dans le Dauphiné.
La noix de Grenoble et celle du Périgord possèdent une AOC.
La Corne, la Franquette, la Granjean, la Margot, la Mayette, la Parisienne sont quelques - unes des variétés françaises traditionnelles.
 La noix est constituée d’une écale qui renferme une coque ligneuse et dure qui renferme une graine plissée et dentelée. Le cerneau tire son nom de la lame du couteau qui cernait la coque pour l’extraction de la graine en début de repas. Une pointe de sel pour la perfection…
La noix se consomme fraîche ou bien sèche et ses cerneaux sont alors utilisés en confiserie et en pâtisserie.
 L’huile de noix au goût fruité relevé d’une pointe d’amertume réapparaît depuis peu dans notre cuisine. Les chefs –cuisiniers lui ont redonné de l’intérêt dans nos salades composées.
 On trouve également de la liqueur et du vin de noix issues des feuilles et des noix en brou.
Durant les veillées populaires, les mondées, on cassait des noix tout en chantant  et en écoutant des histoires. Et ce n’était pas des histoires à la noix… 

Les couleurs
D’un petit buisson originaire d’Asie, le noyer est devenu dans nos régions un arbre majestueux. Si les Grecs lui préférèrent l’olivier pour obtenir leur huile, les Romains plantèrent plus facilement le noyer et en firent même un symbole de fécondité.
Au Moyen Age, l’huile de noix fut moins utilisée à cause de l’avis négatif des médecins qui la trouvaient peu digeste. Mais on constate que certains seigneurs versaient aux monastères des redevances en noix ce qui tend à prouver que l’huile de noix restait un bien précieux. Elle  servait dans tous les cas à alimenter les petites lampes d’éclairage avant l’arrivée du pétrole. Au XIXe siècle, le noyer faillit disparaître et c’est Napoléon III qui encouragea les paysans à le replanter en bordure de chemin. Il faut savoir que les racines du noyer fabriquent un composé toxique qui ne laisse rien pousser ou presque sous l’arbre.
En regardant attentivement la noix, on découvre un groupe de teintes d’une intensité presque équivalente dans lesquelles on a rajouté soit de la terre d’ombre naturelle soit du blanc.
Si l’on essaye de transposer cette impression en déco, les volumes peuvent se travailler en 2 à 3 tons dégradés à partir d’une terre naturelle et d’un ocre léger. Cette palette apparemment neutre crée de la douceur et de l’élégance.
 Les murs peuvent être peint de couleurs différentes ce qui évitera une forme de monotonie.
Une lumière bien étudiée c’est- à -dire chaude et suffisante mettra en valeurs la subtilité de cette harmonie colorée. On peut également introduire un parquet en bois qui accentuera l’atmosphère chaleureuse. Une touche métallisée peut donner également une note plus contemporaine. Cette harmonie peut être renforcé par des pointes de bleu turc, de bleu fumé ou bien d’un brun « brou de noix » beaucoup plus dense.
On pourrait alors évoquer la rencontre de la Terre et du Ciel.
Une palette de couleurs dont on peut facilement imaginer la délicatesse.
 Les ruptures trop radicales sont à éviter car ici tout se joue dans la subtilité.
 Dans des chambres-refuges, on peut imaginer le dégradé de tons brun ocre dans la partie chambre et un jeu de bleu fumée, de bleu turquin ou de bleu ciel dans la salle de bain ouverte sur le reste de la pièce.  
  

dimanche 17 avril 2011

AIL & AULX

L’ail, des aulx


Les goûts
Une odeur et un goût fort ?
Narines sensibles s’abstenir…
L’ail est une plante potagère vivace du genre Allium originaire d’Asie Centrale tout comme l’oignon, la ciboulette et l’échalote. Plusieurs espèces sauvages existent encore de nos jours dont l’ail des ours. Ses feuilles semblables à celles du muguet et ses petites fleurs blanches étoilées parfument nos sous -bois au printemps.
Les Grecs et les Romains distribuaient généreusement l’ail à leurs soldats lors des campagnes militaires. Il était alors consommé cru et porté autour du cou. Son pouvoir fortifiant était également apprécié par les athlètes Grecs. Les Egyptiens l’adoraient pour les mêmes raisons et les ouvriers en mangeaient quotidiennement lors des constructions de pyramide.
L’ail présentait toutes les vertus médicinales : bactéricide, antiseptique, vermifuge, expectorant, stimulant, hypotenseur, anti-poison…
Il fut aussi utilisé dans les monastères pour soigner les blessures et c’est ainsi que Charlemagne imposa la culture de l’ail dans les jardins de simples.
Au Moyen Age, l’ail était utilisé pour se fortifier et se protéger des maladies, tout particulièrement en période de peste. Il était alors mâché cru pour se protéger de l’épidémie.
Les médecins portaient un long nez de cuir badigeonné d’un mélange à base d’ail et d’herbes  aromatiques pensant ainsi repousser les miasmes.
De façon générale, on buvait à l’automne un verre de lait chaud dans lequel avaient mijoté des gousses d’ail. Toute la maison alors fleurait bon l’ail dans le seul but de préparer le corps aux rigueurs de l’hiver. Les enfants portaient des tresses d’ail autour du cou pour se protéger des maladies et des sorts. On accrochait également des têtes d’ail en haut des portes pour repousser les mauvais esprits et bien sûr les vampires.
On peut donc facilement imaginer l’odeur ambiante d’une époque où l’ail était un condiment très populaire. Il est bien évident que sa consommation diminuait en s’élevant dans l’échelle sociale. Les personnages de haut rang considéraient la mauvaise odeur persistante très vulgaire. Ainsi le roi de Castille en Espagne avait un tel mal à supporter ses sujets qui mangeaient de l’ail qu’il pouvait les mettre en quarantaine.
D’ailleurs dans beaucoup de lieux de culte, l’entrée était interdite aux fidèles qui venaient de consommer de l’ail.
En cuisine, il restait fort utilisé. Le grand Curnonsky disait »Une caresse d’ail revigore ».
La sauce d’aulx fut l’une des sauces médiévales les plus utilisées. L’ail était pilé avec du persil et de l’oseille pour l’accompagnement des poissons. On ajoutait du vinaigre et de la mie de pain pour la viande grillée. On comprend alors l’importance de la purification de l’haleine dans l’absorption d’épices confites, de dragées et de vins sucrés en fin de banquet.
 A la table de Soliman Le Magnifique au palais Topkapi, l’utilisation de l’ail avec le yogourt était appréciée tout comme le bœuf à l’ail de Louis XIV à Versailles.
L’ail rose est un ail de printemps, différent de l’ail blanc d’automne. On le connaît sous le nom de Rose de Lautrec, de Fructidor, de Rose d’Italie et l’ail blanc sous l’appellation de Blanc de la Drôme, Blanc de Lomagne ou deViolet de Cadours…
A l’évocation de l’ail, les nez fins se rétractent en oubliant trop vite l’intérêt gustatif de ce véritable légume. On ne pense pas non plus à le regarder et admirer la beauté de sa forme et de ses couleurs. Une tête d’ail présente des couleurs crèmées et violacées d’une grande beauté, cela vaut donc la peine de jeter un regard attentif à cette enveloppe si subtile.
 On observera la peau translucide et la chair nacrées des gousses. L’ail en chemise qui est cuit sans être pelé offre une variation de blanc crème d’un très grand raffinement. C’est la plus belle palette de couleurs  douces qui puisse exister ! 
Les couleurs issues de la nature sont généralement subtiles dans la déco. Elles découlent d’une évidence qu’il ne faut pas négliger. Il faut même s’en inspirer.


Les couleurs
L’ail frais de printemps présente une très belle variation de couleurs. On peut s’en inspirer pour l’adapter à une pièce à vivre (cuisine ouverte+ salle à manger) ou à une chambre.
Toutes les couleurs chaudes et froides situées sur la gamme chromatique entre le rouge et le bleu se travaillent soit dans un esprit enveloppant à forte personnalité soit dans un esprit apaisant tout en fraîcheur et clarté.
On constate dans le mélange de rouge et de bleu du violet que plus le bleu est présent, plus le violet est froid et inversement plus le rouge est présent et plus il est chaud.
Le prune, plus doux qu’un violet bleuté et plus sophistiqué qu’un rouge framboise, apporte une note contemporaine certaine. Une cuisine ouverte peut-être traitée en prune et crème et se marier à des accessoires et à de l’électroménager chromés réfléchissant bien la lumière. L’ensemble est élégant, équilibré. L’alliance de blanc teinté, de violet-prune offre une impression de grande légèreté dans une pièce déjà lumineuse.
On peut ajouter une pointe de jaune sous la forme d’un meuble ou d’un textile pour dynamiser l’ensemble. Nous sommes dans les couleurs chaudes.
Le violet bleuté peut tirer vers le mauve, le parme et le lilas. Une ambiance parfaite pour une chambre. Beaucoup de douceur, de naturel et de délicatesse.
Une association avec un gris moyen, un vert légèrement citronné ou un jaune chartreuse  est intéressante pour son résultat calme et paisible. Nous sommes dans des couleurs froides.
Si le violet /bleu est doux, il peut être associé à un jaune absinthe, un orange cuivré, un bois de rose, un gris tourterelle, mastic… 
La version plus dense se mariera avec un marron glacé, un gris vison, un gris fer… 
Si le violet/ rouge est sombre ( prune, aubergine, betterave) il peut être associé à un rose boudoir, un vert sauge, un vert kaki. On peut le travailler dans un rapport de tons assez dense.
 Un violet chaud plus clair acceptera volontiers la gamme des crème, des perle, des nacre, champagne…   
Les nuances du violet sont d’une étonnante subtilité. Il faut se laisser tenter par cette couleur très élégante et l’insérer dans un nuancier équilibré aux teintes d’une aussi grande qualité.  

vendredi 11 mars 2011

La Sauge



Vert sauge

Les gôuts
Dès les premiers rayons d’un soleil à peine printanier l’envie nous prend de s’allonger dans l’herbe humide. C’est encore un peu tôt malheureusement, pourtant nos sens se mettent en éveil, ils éprouvent ce besoin de s’imprégner du parfum des plantes dès la fin de  chaque hiver. Nous sommes à cette période charnière entre le froid et le chaud. Respirons quelques senteurs piquantes pour mieux taquiner nos narines endormies.
La sauge, véritable herbe sacrée à l’odeur forte et rude fait partie de la famille des labiées qui nous donne des herbes riches en essence. Les feuilles épaisses, duveteuses d’un vert grisâtre dégagent un arôme frais à peine camphré très caractéristique : on adore ou on déteste. 
Les moines bénédictins la cultivèrent dans les jardins de simples de leur monastère. C’est ainsi qu’elle se répandit en Europe de l’Est et du Nord et que Charlemagne la couronna Herbe Royale. Au Moyen Age, la sauge était considérée comme une plante aromatique mais aussi médicinale et ornementale. Elle remplissait trois fonctions : le bon, le bénéfique et le beau.
Sa saveur aromatique puissante avait le rôle de parfumer les farces des volailles ou les préparations à base de veau, d’agrémenter les plats de légumes et d’aromatiser des vins cuits. On allait même jusqu'à préparer ses feuilles en beignets. Elle était bien souvent préconisée sous forme de tisane qui avait l’avantage de favoriser la digestion des plats un peu trop riches.
Le thé de sauge était fort apprécié en boisson légère non sucrée( ou juste avec un soupçon de miel…) Fraîches ou séchées, les feuilles de sauge un peu amères et piquantes étaient le condiment indispensable à la plupart des plats. Les Egyptiens, les Grecs et les Romains l’utilisaient comme aromate et comme herbe médicinale.
 On lui attribuait beaucoup de vertus comme celle de pouvoir prolonger la vie.
On disait fréquemment : « Comment pourrait mourir un homme qui possède de la sauge en son jardin » ou bien « Qui a de la sauge dans son jardin n’a pas besoin de médecin ».
La sauge officinale est la plus couramment employée, on a répertorié par ailleurs pas moins de 600 espèces dans le monde d’où le terme de plante universelle.
Cette plante est aussi à l’aise dans la cuisine qu’en pharmacie.
 Les propriétés antispasmodiques, antiseptiques, antisudorales, diurétiques sont reconnues et appréciées en herboristerie.
Les buissons bas composés de feuilles riches en essence offrent à nos jardins des volumes parfumés à travailler en larges massifs. Ne pas hésiter à les mixer avec d’autres plantes aromatiques comme le romarin, le thym et la menthe et créer ainsi de grands pans de verdure. Un camaïeu de verts à structurer qui à l’œil et au nez sera un vrai bonheur tout au long de l’année.

Les couleurs
Aucune couleur ne possède autant de variantes que le vert.
Les combinaisons à base de vert sont quasi illimitées et cela va de la plus grande simplicité à l’opulence la plus précieuse. Le vert est un mélange de bleu et de jaune (couleurs primaires).Il est donc aussi à l’aise avec les bleus froids qu’il a en lui qu’avec les couleurs chaudes du jaune. Avec un seul vert, on peut créer de nombreuses teintes contrastées en intensifiant ou en adoucissant la couleur. Cette palette peut se construire ton après ton. Prenons par exemple un vert naturel comme la sauge et voyons comment il se comporte avec certaines autres couleurs.
Le vert sauge doux se marie avec presque toutes les couleurs, il peut être travaillé en camaïeu mais aussi en association avec des bleus froids ou des gris neutres. L’apport de mauve-lilas ou de roux  est toujours sophistiqué et enfin la combinaison au rouge magenta est subtile et forte.
 Une atmosphère simple et fraîche s’établit dans une pièce lumineuse grâce à la construction d’une gamme monochrome autour d’un vert. Un mélange de surfaces brillantes et mates est intéressant dans une salle de bain par exemple. L’apport de surfaces en verre ou en pâte de verre ainsi que de larges miroirs  accentue encore l’effet de brillance. Un jeu systématique de couleurs très différentes n’est pas toujours obligatoire, le simple fait de jouer sur des qualités de textures est déjà riche en soi, surtout dans un petit espace. Dans une petite pièce, la palette des couleurs peut être restreinte. La lumière jouant sur chaque mur, l’intérêt d’un travail en camaïeu se comprend facilement. Le vert sauge doux se plie très bien à cet exercice. Par contre le travail sur la lumière générale doit garder la douceur et la fraîcheur dans la pièce.
Les teintes froides de bleu et de vert se marient parfaitement pour créer une atmosphère tranquille. Ce mélange de tons moyens, équilibrés est  agréable à l’œil et à l’esprit.
 La rencontre du bleu de Delft et de Wedgwood et du vert sauge invite magnifiquement à la relaxation. Attention toutefois à bien travailler la lumière ambiante afin de garder une  impression chaleureuse dans ce jeu de teintes froides.   
Un verts sauge doux et un gris-nuage sont d’une grande sobriété dans un salon. Ces tons un peu grisés sont très sophistiqués et peuvent remplacer parfois subtilement un blanc clinique trop froid. Il suffit d’ajouter des notes de lilas-mauve ou de rose poudré pour créer l’ambiance paisible d’une chambre. Cette combinaison est d’un grand raffinement, il faut bien sûr la travailler finement pour garder toute la subtilité des tons. Par ailleurs la qualité des matériaux est également primordiale. Tout se joue au millimètre.
 Enfin le rapport tonique entre le vert sauge et les couleurs chaudes comme le roux et le rouge magenta est idéal pour un espace à réveiller. Il faut utiliser ces couleurs (qui sont complémentaires au vert, surtout le rouge bien sûr) à très petite dose et dans un registre de même intensité entre le vert et le rouge. Bien souvent, il vaut mieux assourdir les teintes car on y gagne en justesse de ton. Une entrée, un grand couloir ou un large espace à vivre lumineux peuvent devenir des lieux parfaits pour ces harmonies  plus hardies.
 Cette couleur n’est pas difficile à utiliser comme on l’entend parfois. Il faut tout simplement prendre le temps de bien choisir le vert que l’on aime. La gamme est vaste…profitons-en. 

 

lundi 7 mars 2011

L'OIGNON

 


Le blanc prend des couleurs.
Les goûts
Sur le marché des matins d’hiver, l’oignon trône sur l’étal et nous offre différentes teîntes d’une même couleur, allant du plus clair au légèrement foncé. Lorsque le regard s’attarde sur ce magnifique légume, on repense alors à cette définition d’un camaïeu doux et clair qui lui va si bien. Un crème, blanc légèrement teinté qui se décline en différents tons.
Voilà l’oignon, roi des légumes qui semble bien souvent l’aliment banal acheté à la va- vite et qui se révèle en fait être un légume universel. Il se doit de figurer dans tout potager qui se respecte. C’est l’un des légumes de très grande consommation tout en étant également irremplaçable pour ses multiples propriétés médicinales un peu oubliées de nos jours.
L’oignon est une plante vivace, bisannuelle, largement cultivé comme une plante potagère mangé cru ou cuit. Cette plante à bulbe, dérivée certainement d’un Allium, fut domestiquée très rapidement  en Asie Centrale. On en retrouve des traces en Iran puis en Egypte où ce véritable légume sacré fut cultivé en grande quantité tout comme l’ail et le poireau.
Il était bien souvent très gros, sucré et doux et très apprécié cru.
Il pouvait servir d’offrande aux multiples dieux et il figurait très souvent sur les peintures des tombes égyptiennes.
Les Grecs et les Romains mangeaient également beaucoup d’oignons mais c’est au Moyen-Age que l’oignon devient un des piliers de l’alimentation française.
On en compte d’innombrables variétés. On classe souvent les oignons par couleur : les oignons blancs comme les Blancs de Paris ou les petits oignons de Mulhouse, les jaunes comme les oignons des Cévennes classés AOC, les rouges comme les oignons de Brunswick et les roses comme les oignons de Roscoff eux aussi classés AOC.
Ils étaient réservés à la nourriture des équipages des navires de commerce de Roscoff. C’était un moyen efficace pour lutter contre le scorbut. Les bulbes d’oignons blancs, jaunes, rouges, roses et bruns sont consommés sous forme de condiments ou en légumes. Dans la cuisine, l’oignon se retrouve en premier plan dans les recettes légendaires de la tarte à l’oignon, la soupe à l’oignon, la purée d’oignons. Il assure également un second rôle dans l’accompagnement des légumes cuits. En février, des petits bulbes sont plantés « en rang d’oignons » et récoltés vers Juillet-Août.  Les tiges courtes s’ornent de belles fleurs en ombelle mais ce sont les bulbes des oignons qui sont mis à sécher et conservé au sec pour une consommation hivernale. Le bulbe se compose de feuilles s’enveloppant les unes dans les autres. Les pelures d’oignons bouillies teintent les œufs de Pâques d’un beau brun naturel.
Si l’oignon est le roi des légumes, il est aussi le prince des camaïeux avec son armée de nuances subtiles et nacrées. On compte d’innombrables variétés dans les jardins et les cuisines  et si l’on prend le temps de les observer, on découvre des thèmes colorés  d’une grande simplicité et d’une grande élégance. Il nous fait parfois pleurer mais sans méchanceté.  

Les couleurs
Lorsque l’on veut repeindre en blanc une ou plusieurs pièces orientées au Nord, il est important de bien réfléchir au préalable à l’utilisation d’une couleur chaude. C’est indispensable pour obtenir un résultat doux et feutré. La lumière froide du Nord doit être neutralisé par un blanc utilisé comme une vraie couleur. Le blanc crème, le blanc écru,
le blanc réglisse, le blanc biscuit sont des variations de blanc traité sur une palette très restreinte. Ces blancs teintés magnifiques  peuvent être travaillé en camaïeu. On utilise alors des tons très proches les uns des autres à partir de même couleur.
Travailler par exemple un crème ou un grège en camaïeu permet d’obtenir une atmosphère élégante et plus subtile qu’un blanc uniforme. Les tons neutres offrent une simplicité au décor et une subtile interaction des surfaces traitées Le crème est un blanc teinté qui accroît l’impression de chaleur naturelle, de bien-être. Choisir des tons de beige, crème, chamois…permet de se sentir bien ancré, enraciné dans un espace. De plus ces camaïeux lient parfaitement les pièces et uniformisent ainsi la maison. L’harmonie est aussi importante dans une seule pièce que dans toute la maison, on doit ainsi pouvoir passer d’une pièce à l’autre sans être heurté par des changements trop brutaux. Cela nécessite une bonne circulation du regard. Les blancs teintés sont de grands classiques en déco qu’il ne faut surtout pas renier.
De plus, associés à des teintes rosées, à des jaunes légers ou à des verts subtils, ces blancs colorés invitent à la méditation et offrent  ainsi des espaces paisibles tout à fait dans l’esprit écolo-bio-naturel dont nous avons tant besoin. Une chambre ou un salon seront des pièces idéales pour ces blancs teintés, cassés qui ont la faculté d’accroître le bien-être et l’élégance.
N’ayez pas peur de vous ennuyer, l’interaction de toutes ces teintes subtiles enrichira toujours une pièce ou une maison et créera ainsi l’équilibre coloré tant désiré.   


jeudi 17 février 2011

Le Radis noir



Un mariage blanc.

Les goûts
Le radis noir est un radis d’hiver à la peau noire et à la chaire blanche. Cette plante d’hiver est un légume-racine que l’on sème généralement en été pour le récolter à l’automne avant les 1er gels. Après l’élimination des feuilles, le radis noir peut se conserver 2 à 3 semaines rangé au réfrigérateur ou durant 2 mois en cave.
 Il se cultive sous presque tous les climats
C’est une variété de légume très ancienne utilisée à des fins culinaire et médicinales.
On le retrouve dans le proche-Orient et autour du bassin méditerranéen.
Les Egyptiens le cultivaient à l’époque des pharaons. Le radis noir servait de monnaie d’échange tout comme l’ail et l’oignon pour rétribuer les esclaves qui construisaient les pyramides. C’était un aliment censé donner des forces.  On a d’ailleurs retrouvé des hiéroglyphes illustrant le radis noir dans le temple de Karnak. A Rome, il accompagnait le pain en début de journée et au Moyen-Âge il adoucissait la gorge sous forme de sirop. 
 On le retrouve sous différentes appellations comme le radis d’Espagne, le radis d’hiver, le raifort des parisiens, le gros gris ou le raifort cultivé…
Ce gros radis noir d’hiver à une saveur piquante caractéristique dont la chair est un peu plus sèche que celle du radis rose ( les variétés de petits radis roses et rouges seront sélectionnées en Europe vers le XVI° siècle). Il se consomme cru, pelé et coupé en lamelles ou râpé.
Ce légume dont on consomme la racine est donc noir à l’extérieur et blanc à l’intérieur.
Une fois épluché, il se présente dans l’assiette tout en blanc.
 Sous cette délicatesse apparente se cache un fort caractère. On le coupe le plus souvent en fines tranches presque translucides qui évoquent facilement la glace, le gel de l’hiver.
 Dans une recette du cuisinier Jean Bardet, le radis noir râpé est mélangé à de la crème épaisse salée. Des textures subtiles et différentes teintes de blanc se lient de façon subtile. La brillance du radis rencontre la douceur de la crème.
 Pourquoi ne pas retrouver cette subtile association dans la maison ?

Les couleurs
Le blanc symbole du minimalisme et de l’épure est une évidence qui revient périodiquement en décoration. Après des périodes de couleurs vives ou de camaïeu de gris, le blanc refait surface tout naturellement sur les murs. Il y a les inconditionnels qui vivent uniquement dans du blanc et rien que du blanc et puis les autres qui essayent régulièrement de repartir sur une base de blanc après des tentatives colorées pas toujours contrôlées. Pour les uns tout se passera bien pour les autres le résultat risquera d’être sec et froid surtout si la pièce est au Nord. La sophistication du blanc s’obtient par une qualité des matières et des formes. L’emploi du blanc doit se travailler également avec un éclairage particulier, tout en douceur en en force (lumières d’ambiances à multiplier dans la pièce) afin d’éviter l’ambiance clinique éprouvante au quotidien. Sans la couleur, on est obligé de travailler avec l’architecture de la pièce, on est devant la toile blanche.
Ceci- dit si l’envie vous tente de casser un peu ce cocon monochrome,une touche de noir peut parfaitement faire l’affaire. Le mariage du blanc et du noir est élégant. C’est d’ailleurs un grand classique pour sophistiquer un lieu. Un blanc réhaussé d’une pointe de noir rééquilibre un espace mais attention car le duo peut se révéler brutal. Un contraste vibrant entre le noir et le blanc peut vite devenir insupportable. C’est un dosage à effectuer avec prudence. Si vous aimez ce mariage contrasté, mieux vaut le faire pour commencer dans des pièces de passage afin de savoir si cela vous convient.


lundi 14 février 2011

L'Endive






Blanc d’hiver.
Les goûts
L’endive appelée également « feuille blanche » (witloof en flamand) symbolise parfaitement  le légume d’hiver dont la pleine saison commence en Octobre et s’arrête en Mars.
L’endive est issue d’une chicorée sauvage  qui explique sa pointe d’amertume.
La découverte de la méthode de culture à été le fruit du hasard. Vers 1830, en Belgique, un paysan aurait voulu dissimuler sa récolte de chicorée sous un tas de terre dans sa cave durant la période troublée de l’Indépendance. Quelques mois plus tard, la surprise fut grande de voir que les racines avaient donné naissance à une plante blanche en forme de fuseau. L’endive était née. Connue au départ en Belgique sous le nom de chicon, elle fut systématisée par le jardinier en chef du jardin botanique de Bruxelles, Mr Brésiers.
Henri de Vilmorin la présenta en France vers 1875. Le premier cageot » d’endives de Bruxelles « fut vendu aux Halles de Paris en 1879.
En résumé, les graines semées en Mai-Juin donnent naissance à la chicorée dont on arrache les racines. Elles sont alors stockées puis mises en terre à l’abri de la lumière au début de l’hiver. Au bout de quelques semaines à une température de 20° un bourgeon blanc crème apparaît.
Il est bien évident que les méthodes industrielles actuelles ont fait évoluer ce type de récolte. L’endive reste la seule salade à pousser à l’abri de la lumière ce qui explique d’ailleurs sa blancheur. Au fil des années, la saveur de l’endive est devenue plus douce car son amertume représentait un véritable frein à sa consommation.
C’est peut-être le même problème que l’on rencontre dans la déco intérieure avec un blanc qui devient  fade et triste en voulant à tout prix être neutre.
Une question de caractère !
Le blanc de l’endive est très riche et simple à la fois. Ce légume présente un aspect mat lorsqu’on le coupe en deux dans sa longueur, une belle simplicité dans sa texture, une architecture en ogive.Une coloration extraordinaire couvre chacune de ses feuilles blanches.
L’endive doit être brillante. Une pointe de jaune clair apporte plus ou moins la subtile touche  colorée à ce monolithe blanc.
Monochrome,brillant, mat, architecturé sont ces qualificatifs que l’on retrouve dans un esprit déco épuré.
  

Les couleurs
Le blanc symbolise en Occident la lumière, la pureté en opposition à l’Asie ou il représente la mort… Question de culture, bien que le blanc de l’innocence et du berceau rejoint dans notre propre culture le blanc du linceul et de la mort.
Un blanc immaculé entraîne l’épure, le minimalisme.
Mal traitée dans la maison, l’utilisation d’un blanc peut être glaciale, fade voir clinique, particulièrement dans le cas d’une pièce orientée plein Nord. On pense toujours utiliser le blanc comme la solution la plus simple à la remise en état d’un lieu. Il semble être neutre, sans risque et le plus adapté à la conservation d’un bel espace.
Ce n’est pas forcément la solution idéale
Le blanc est un vrai parti-pris.
Les formes s’arrondissent sous l’épaisseur blanche de la neige, on parle souvent d’ouate ce qui traduit l’impression de grande douceur. Tout dépend en fait de la qualité et de la force des matières et de la lumière. Un éclairage très doux et ponctuel associé à de beaux matériaux, de beaux meubles bien dessinés permettent d’éviter une pièce sans âme.
Le blanc est alors la couleur efficace pour rendre cette pièce plus lumineuse, plus spacieuse. Il existe actuellement une très belle gamme colorée, de blancs chauds et froids, passionnante à travailler. On peut la traiter en camaïeux d’une manière subtile. Le résultat complexe, offre une richesse très élégante. Ne pas hésiter à travailler les murs avec des sous-couches et une peinture de grande qualité. C’est indispensable à la qualité finale des pièces.
La cuisine ou la salle de bain accueillent généralement le blanc dans la maison. Elle est la couleur hygiénique par excellence.
Ce blanc est depuis longtemps la garantie de propreté dans ces pièces dites techniques ( voir les sanitaires de bain et de cuisine). L’évolution de la maison à radicalement changé le vrai sens utilitaire de ces lieux. Ces pôles pratiques s’ouvrent sur les autres pièces à vivre. Une cuisine n’est plus fermée sur elle-même, elle devient au contraire le cœur de la maison en s’intégrant au salon- salle à manger.
Le blanc doit alors se lier adroitement à l’ambiance générale.
On ajoute des matériaux nobles comme le bois clair, le métal, la pierre ou la laine, des couleurs légères comme des gris, des beiges ou des jaunes très clairs  sur les rideaux, les coussins ou un tapis. Tout cela peut faire vibrer l’atmosphère de la pièce.
Toujours en touches légères…
L’extrémité des endives, jaune pâle, donne l’idée d’une pointe colorée délicate et discrète à développer dans une ambiance minimaliste.  
L’utilisation subtile de pois, de rayures ou des carreaux peut être également intéressante. L’apport d’une structure traitée presque en ton sur ton sublime la volonté de simplicité.
Une question de proportion à travailler de façon discrète dans la maison.
Pour obtenir la sensation de repos, une peinture mate ou satinée est idéale, mieux vaut alors garder la peinture brillante en touches secondaires. On peut même blanchir tous les murs et les boiseries, le plafond et le plancher. On utilise du blanc d’os, du blanc de lait, du blanc lunaire, du blanc de chine, du blanc de céruse, d’albâtre, d’argile, d’argent ou de Meudon…
Le blanc s’installe parfaitement dans une pièce contemporaine mais aussi dans une pièce de style gustavien (style Louis XVI revisité par la Suède au XVIII °) ou dans une maison à l’esprit campagne sobre et chic.
Attention l’innocence du blanc s’oppose au rouge de la guerre, de la violence. Une seule tache de sang sur de la neige peut faire vibrer en nous un sentiment de malaise, d’agressivité. *
Une seule petite touche de couleur vive peut casser une sensation de paix et de sérénité dans un bel espace monochrome…
Un fil rouge, une fine bande au mur ou des rayures fines sur un rideau peuvent être des alliés parfaits comme des ennemis redoutables.
Le blanc est une affaire de très grande subtilité.
 * en référence à la symbolique neige-sang dans le film du réalisateur F. Leterrier d’après le roman de Jean Giono «  Un roi sans divertissement » ainsi qu’aux trois gouttes de sang dans la neige du dessin animé » Blanche- Neige et les sept nains ».

dimanche 6 février 2011

Les Figues


Une déclinaison subtile de teintes apaisantes.


Les couleurs

Le figuier est avec l’olivier, la vigne et le blé un des plus anciens symboles du bassin méditerranéen. Dans les peintures anciennes, on peut voir Adam et Eve utiliser les feuilles de figuier pour cacher leur nudité et Romus et Romulus auraient été allaités par la louve à l’ombre de cet arbre. Ces exemples nous démontrent l’ancienneté du figuier dont les premières traces remontent à plus de onze mille ans.
Ce fruit est le plus ancien des fruits domestiqués.
Pline l’ancien l’évoquait déjà, Henri IV en réclamait à son jardinier et Louis XIV obligea La Quintinie, chef – jardinier à Versailles à le cultiver dès le mois de juin jusqu’aux  premiers froids par d’habiles stratagèmes.
La fécondation de la figue est une petite merveille de complexité où l’insecte «  blastophage » y joue un rôle majeur. La figue comme la fraise n’est pas un fruit mais une multitude de petits fruits craquants correspondant en fait aux « grains » apparents à l’oeil nu.
Le figuier évoque une sensation de force, de puissance, mais il dégage également une très grande sérénité. Le profil de l’arbre est imposant, tortueux et ses larges feuilles lobées dessine un magnifique réseau sinueux dans le ciel.
La peau de la figue d’automne possède une palette de couleurs très subtile qui va d’une variation de  violets à des verts plus ou moins pâles. L’intérieur, une fois le fruit coupé en deux est d’une coloration  plus vive. Un rouge et un orangé se dispute la vedette sur un fond crème qui encercle avec beaucoup d’élégance ce duo un peu remuant.
Ces teintes chaudes, rouge pompéï, ambre rouge, orange brûlée ainsi que le mauve et le blanc hollandais, kaolin et beige se lient volontiers au vert mousse, vert avocat et vert taupe.
 La force de ces couleurs en déco est un parfait allié des tons crème un peu froids et mieux vaut éviter le blanc éblouissant – trop cassant.
 L’utilisation du grenat, pourpre, corail est un choix hardi, mais il apportera une profondeur relaxante sur le mur d’une chambre par exemple. Les tons chauds  auront aussi un impact puissant dans une salle de bain, la transformant en une véritable pièce à vivre.
 Une réelle intimité crée par des tons riches.
Le mariage des crèmes denses et des verts doux en grandes masses offrira aussi une sensation de confort dans cet univers contrasté par la présence des couleurs puissantes utilisées par petites touches et des teintes plus délicates, complémentaires ( verts et rouges assourdis) .
Les associations de couleurs les plus stimulantes s’inspirent de façon logique de la nature et
Il y a là un bel exemple d’équilibre à traduire en décoration.
On se sert des feuilles de figuier pour une teinture artisanale. Elles dégagent un doux parfum de figues à la cuisson et elles teignent dans des tons de jaune poussin.

Les goûts
On utilise en cuisine la figue fraîche pour la réalisation de confiture, de marmelade, de sirop, de vin et en accompagnement de fromage et de jambon cru.
Il existe de multiples variétés de figuiers qui donnent des figues vertes, blanches,( la Blanche d’Argenteuil ou Versaillaise) des figues grises, rouges et des figues noires, violettes.
La violette de Solliès AOC représente 75% de la production française. Elle est la plus sucrée et la plus juteuse.
Les vertes sont en général sélectionnées pour le séchage. Au 15 eme Siècle, les corinthiens vendaient aux vénitiens des raisins secs dans lesquels ils mêlaient des morceaux de figues sèches, moins chères d’où l’expression «  Mi-figue, Mi-raisin ».


La Mûre



Couleurs profondes et gourmandes
Les couleurs
Dans une nature encore vive, une touche violacée s’installe patiemment sur le vert des haies rustiques. Une note orange brique, rouge sang laisse place à des nuances beaucoup plus profondes, plus sombres. Rien de triste à cela car la lumière joue sur chaque facette des grains de la mûre sauvage. Une variation colorée progressivement teinte les bords de chemin en un motif à pois sur un fond de vert anglais. Grande subtilité colorée qui ne perd à aucun moment ses couleurs de caractère. Cette association d’orangée brique, rouge sang-de-dragon, de prune sanguin, de violet brun et de vert anglais est une exploitation audacieuse de couleurs fortes qui s’intensifient et se rehaussent sans se heurter.
En déco, il faut imaginer cette palette de couleurs profonde sous une lumière également puissante. Couleurs et lumières sont de force égale.
Ne jamais oublier l’importance de l’éclairage.
La couleur même de la mûre est sombre, on pourrait la décrire comme un violet d’évêque mélangé à de l’indigo. Ce ton peut être utilisé comme un noir teinté très puissant donnant du caractère à un espace restreint.
Un crème pâle peut être distillé à très faible dose (en oubliant carrément le blanc éclatant qui viendrait casser l’harmonie subtile). Des carreaux et des rayures sur des coussins, des rideaux ou un tapis peuvent aussi contrebalancer la force de ces tons.
Cette gamme de couleurs chaudes et assourdies offre une sensation de calme, elle enrobe une pièce avec beaucoup de caractère et d’élégance.
Une cuisine ou une petite pièce-refuge comme une bibliothèque pourraient êtres traités dans  cette harmonie enveloppante et donc rassurante. Le bois est un associé parfait. Il renforce de manière élégante ces nuances subtiles.  
Le pouvoir évocateur des couleurs est puissant, on le sait mais c’est à chaque fois un bonheur de le redécouvrir. Cette touche violacée et orangée avec une pointe de vert s’imagine tout naturellement dans une cuisine. Qui n’a pas en mémoire les cueillettes de mûres de fin d’été sur les bords des chemins, la récolte se transformant en une confiture ou gelée laissant dans la cuisine des couleurs fabuleuses et des parfums magiques.
L’utilisation de ces couleurs nous ramène dans ces souvenirs de gourmandise.
Les goûts
La mûre sauvage est une baie de fin d’été dont la récolte peut se poursuivre jusqu’au mois d’Octobre. Elle est le fruit comestible de la ronce. Ce buisson compact et épineux qui envahit les haies de jardin et les bords de chemin. C’est une plante de la famille des rosacées. La mûre sauvage ne doit pas être confondu avec la mûre du mûrier, arbre originaire d’Iran qui peut atteindre une quinzaine de mètres. Il existe également le mûrier blanc, originaire de Chine, principalement cultivé pour l’élevage des vers à soie (ils se nourrissent des feuilles) et qui a pratiquement disparu de nos jours.
Il faut avoir en mémoires les balades, paniers en main, (fruits fragiles à manier avec précaution) à la recherche de l’or noir. Comme la mûre est très juteuse et perdue au milieu des ronces, la récolte est souvent vécue comme un véritable combat dans les ronciers avec pour désagrément les ongles violets, les jambes écorchées et les lèvres rouges…
 Au retour des chemins, il y a le bonheur d’une récolte fruitée, subtile et comme le fruit est fragile, la confection de confiture, gelée, sirop ou sorbet est rapidement menée. Adieu épines et toiles d’araignées, bonjour le parfum délicat aux notes boisées du fruit cuit à feu vif.
C’est toute cette histoire colorée qui peut aisément se raconter sur les murs d’une cuisine ou d’un lieu de repli sur soi comme un petit bureau. 


La Poire

Une nature aux couleurs en demi-teinte
Les couleurs
On peut trouver l’inspiration dans toutes les couleurs et les textures. Il suffit de regarder autour de soi et d’analyser les émotions que nous ressentons devant ce qui nous entoure.
Ainsi on peut mieux comprendre la raison d’aimer plutôt une couleur prune ou figue que le rouge coquelicot ou le rouge cerise.
L’été est loin de nous, les teintes sont encore ensoleillées mais deviennent plus douces, plus assourdies. Les couleurs vives de l’été disparaissent par à coups au profit de tons de la demi-saison ( mois de Septembre et d’Octobre). Les couleurs sont toujours dans la gamme chaude comme le jaune, l’orange, le rouge et le brun.
 Ce registre coloré est d’une grande douceur mêlée à quelques accents de vert-jaune.
Le jaune exprime à cette période le dessèchement, la perte de vivacité de la nature, A une certaine époque ce jaune évoquait la mort avant de célébrer le pouvoir et l’argent. C’est une couleur de passage lorsqu’elle devient ocrée, dorée en opposition au jaune conquérant du printemps. On retrouve dans cette teinte l’air doux et sec, le feuillage des forêts qui roussit avant de tomber au sol sous la pluie, le vent et le soleil dont les rayons se font plus modestes au fil des jours.
Cette palette de tons sourds et équilibrés apporte une impression chaleureuse, de grand confort. La gamme est douce et possède le charme coloré d’un pré-automne.
 Il n’y a pas le diktat d’une couleur au détriment d’une autre. C’est une variation de tons à vibrations égales très caractéristiques d’une inter- saison.
On peut utiliser cette palette en demi-teinte dans une pièce d’accueil comme l’entrée ou un salon douillet. L’ambiance peut-être aussi bien rustique, naturelle que contemporaine avec de beaux canapés confortables orange et prune par ex.
C’est un travail d’accords qui autorise l’utilisation de couleurs comme le jaune beurre, le jaune crème, le jaune citron pâle, l’ocre jaune, le jaune coing mais aussi le rose baie et les verts tilleul, fougère et lichen sans oublier le brun noisette, le miel, le brun brou de noix avec une pointe d’orange brique.
Les goûts
La poire est un des fruits symboles de cette inter-saison.
La poire offre une grande diversité de couleurs en passant du jaune au rouge orangé et au vert. On observe sur sa peau de véritables imprimés prêts à l’emploi  pour des tissus, papiers peints, peintures… C’est un fruit de transition et ses teintes riches sont caractéristiques de ces dernières journées embuées de soleil.
Une nature au goût fruité, à la saveur beurrée et à la chair blanche. 

On trouve ce fruit rustique dès la fin de l’été et bien sûr tout au long de l’automne et jusqu’en hiver. Les différences de variétés portent sur la saison et sur l’usage ( poire à cuire, poire à couteau…). On commence la dégustation d’été par la poire Williams et la Guyot qui laisseront place en ce début d’automne à la poire Beurré Hardy ( sacrée meilleure poire par La Quintinie chef jardinier à Versailles au temps de Louis XIV) la Comice, la Conférence… on dégustera enfin la poire Passe crassane de l’hiver

Le poirier est un arbre originaire de Chine mais il s’étendait également au Cachemire et au Moyen-Orient.
 Les fruits ont été sélectionnés depuis la Haute- Antiquité (une cinquantaine de variétés à la fin de l’Empire Romain). Au XVIeme siècle, on trouvait une vingtaine de variétés de poires dans la cuisine ottomane.
Au Moyen-Age et la Renaissance la poire était présente sur les tables à la fin du service des viandes et des légumes. Elle permettait alors de se désaltérer « garder une poire pour la soif » avant d’entamer les fromages en dernière partie de repas. L’expression «  entre la poire et le fromage » vient de cette période où le repas épicé se terminait d’abord par un fruit frais puis par des fromages. Cette dernière étape souvent bien arrosée de vin était plus détendue, plus conviviale et donc propice aux discussions.